Traduire en langage diplomatique

La diplomatie, une certaine forme de langage

L’un des plus anciens ouvrages sur la diplomatie s’intitulant De la charge et dignité de l’ambassadeur, rédigé par Jean Hotman de Villiers, et datant de 1604, est un ouvrage où l’auteur parle concrètement des qualités incontournables d’un diplomate. Le diplomate, donc, homme de communication par excellence (son), doit posséder la connaissance de l’histoire et de la culture, et avoir de même la capacité à s’exprimer, et adopter un langage clairement diplomatique. Dans ce livre, les qualités propres à cet homme doué d’une forme de langage particulière sont : « Le contact avec les autres, une communauté d’apprentissage, alliant les pratiques et les théories, le passé et le présent, l’expérience, la découverte et l’application personnelle, aussi bien que les cours formalisés, l’étude et la réflexion ». Un homme complet pour une charge complexe.

Un langage de vérité ?

La traduction complexe de la diplomatie

En France jusqu’au début du xxe siècle, la langue utilisée en diplomatie tire ses racines de la langue de cour, plus particulièrement celle de Louis XIV, ce qui explique la place du français comme langue diplomatique. C’est pour tout homme une activité, une interactivité particulièrement délicate. La diplomatie repose sur le langage et sur les sens perçus des phrases et des arguments exposés. La langue de la diplomatie est destinée à servir entre diplomates, mais elle a de même des objectifs en termes de communication externe vers le public et les médias. Et cela s’exprime pour le diplomate par une nécessité permanente de maîtriser les tournures d’esprit et d’avoir à composer avec une multitude de vérités. Les guides de diplomatie ne disent-ils pas qu’un ambassadeur est un honnête homme qui est envoyé à l’étranger afin d’y mentir pour le bien de son pays. Sa fonction d’ambassadeur l’obligera bien souvent à « naviguer » entre sincérité et duplicité ; paroles honnêtes et mensonge ; vérité et fausseté ; transparence et secret.

De quoi se fait-il l’interprète ?

La bonne interprétation

L’ambassadeur se doit d’être un homme capable de bien interpréter les signes et les sens, tout aussi cachés soient-ils, que sa fonction l’amène à vivre. C’est un homme de représentation.

Il doit :

  • Réfléchir avant d’agir
  • Se concentrer sur les faits
  • Adopter un langage qui semble direct et se veut clair
  • Eviter la confrontation
  • Ne pas se laisser submerger par les émotions

Ces capacités devront se retrouver dans la qualité de son discours diplomatique.

Du flou dans un cadre formel ?

Un langage sous l’œil du juridique

Les relations diplomatiques font l’objet en permanence d’une tension d’ordre juridique. Les relations commerciales, les questions de sécurité se traduisent très souvent par des expertises et des jugements renvoyant au droit international. Cela demande aux ambassades d’avoir la connaissance et la maîtrise des textes juridiques. Des textes qui, eux-mêmes, nécessiteront des traductions irréprochables et notamment sous forme de traduction assermentée.

Langage complexe, homme complexe, le diplomate a une et une seule vérité qu’il tient pour acquise : la vérité est protéiforme. C’est un homme qui incarne l’idée même de souplesse et combat la dynamique de rupture.