Des célébrités investissent dans les technologies du langage

LinguaSys a annoncé aujourd’hui que Mark Cuban, magnat des technologies et propriétaire des Mavericks de Dallas de la NBA, avait « acquis une participation significative » dans la société productrice du logiciel de traduction automatique Carabao. Il a évoqué sa vocation à aider les grandes entreprises pour aller « au-delà des frontières de la langue et mener des activités mondiales ». Cuban rejoint ainsi d’autres noms célèbres qui apportent leur soutien aux entreprises des technologies langagières.

Comme par exemple l’acteur et investisseur en technologies Ashton Kutcher ainsi que l’investisseur/auteur Tim Ferriss, qui ont pris des participations dans la start-up d’apprentissage linguistique DuoLinguo. Le fondateur de Salesforce, Marc Benioff , a quant à lui engagé la première phase de financement de Cloudwords, une plate-forme de traduction informatique dématérialisée. En 2011, Gene Simmons, icône rock du groupe Kiss, signait comme porte-parole et partenaire de Orstbo, une technologie de traduction automatique utilisée dans les médias sociaux. Et en 2007, Bono de U2 achetait SDI Media par l’intermédiaire de Elevation Partners. Babelverse, avec sa plate-forme d’interprétation à la demande, a quant à elle assuré son financement par le biais du fonds 500 Startups, dont la liste des mentors compte quelques noms connus.

Mais pour quelle raison toutes ces célébrités investissent-elles dans cette technologie ?

Il y a là une combinaison d’opportunisme financier et de sensibilité au monde :

  • Certains entrepreneurs y voient une occasion de perturber le marché des langues avec une solution basée sur l’informatique en nuage, comme c’est le cas de Benioff qui intervient dans l’esprit de ce qu’il a réalisé avec l’automatisation de la relation commerciale. Kutcher lui, a fait mentir son personnage à l’écran par ses connaissances technologiques. Une analyse des sociétés considérée invoque Common Sense Advisory qui estime le marché des services et technologies du langage à 33,5 milliards USD, soit un beau paquet d’argent qui intéresse le capital-risque, le capital-investissement et les investisseurs providentiels tels que ces célébrités (voir « The language service market: 2012 », mai 2012).
  • Les artistes comme Bono et Simmons ont été sous les feux de la rampe dans le monde entier et comprennent l’importance de la communication avec leur public. Bono a par ailleurs exercé de nombreuses activités internationales pour lesquelles il s’est appuyé sur des interprètes et traducteurs. Et si la plupart des gens ne se souviennent de Simmons que pour sa seule langue, il en parle plusieurs en fait. A la croisée des technologies et des sports, les commentaires de Cuban soulignent l’importance des langues dans le commerce (voir « ROI lift the log tail of languages in 2012 », juin 2012).
  • Pour finir, il s’agit peut-être tout simplement pour ces célébrités de dénicher des investissements adaptés à leur fortune. Les investisseurs scrutent les marchés du monde entier à la recherche des plus lucratifs où placer leur argent. Andrew Ross Sorkin a écrit dans le New York Times que le secteur du capital-investissement privé détenait « plus d’argent qu’il ne savait qu’en faire ». Il affirme que ces firmes disposent de plus d’un billion USD dont près de 20 % devront être restitués aux investisseurs au cours des 12 mois à venir faute de trouver des entreprises dans lesquelles investir. Des acteurs tels que Kutcher, qui perçoit entre 800.000 et 900.000 USD pour chaque épisode de « Two and a half men », sont très certainement en quête d’autres solutions que le taux actuel de 0,331 % des certificats de dépôt dans une banque locale.

Les technologies du langage seront-elles la prochaine scène sur laquelle ces célébrités se feront un nom en tant que tel ?

La dernière grande vague d’investissement dans les logiciels linguistiques est intervenue à la fin des années 90 et au tout début des années 2000, au cours desquelles les grands investisseurs en capital-risque tels que Draper Fisher Jurvetson, North Bridge Venture Partners et Sigma Partners ont investi dans des développeurs de systèmes de gestion de traduction (TMS) comme GlobalSight (qui fait partie de Welocalize) et Idiom (qui appartient désormais à SDL). Même s’ils représentent un avantage intéressant pour le secteur, les TMS n’ont pas radicalement bouleversé le marché. Ces célébrités espèrent que cette prochaine vague de traduction, d’interprétation et de traduction automatique basées sur une informatique en nuage réinventera le marché. Notre investigation montre que le moment d’une refonte intégrale est venu, au vu de la stagnation des niveaux de productivité et d’une demande de traduction excédant largement la capacité de réponse du secteur tel qu’il est actuellement structuré (voir « Translation Future Shock », avril 12).

Cet article a été publié par Donald A. DePalma le 10 octobre 2012 sur les blogs suivants : Business Globalization, Market Data, Technology, et traduit de l’anglais par Tradutec.