Roma : le mauvais sous-titrage par Netflix suscite la grogne

Sous-titrage truffé de fautes d’orthographe et de grammaire, mauvaises traductions, voire absence de textes dans certaines séquences du film : on peut dire que Netflix a ensanglanté Roma, le chef d’œuvre du réalisateur mexicain Alfonso Cuarón ! Encensé par la critique, le film (distribué sur la plateforme de streaming) et qui a été refusé à Cannes, a reçu une pluie de récompenses : Oscar du meilleur film, Lion d’Or à la Mostra de Venise, Golden globe… Mais c’est surtout la mauvaise qualité des sous-titres et les erreurs liées aux spécificités linguistiques qui fait polémique, dans le monde entier, déclenchant la grogne des internautes sur les réseaux sociaux et surtout celle des traducteurs professionnels (ATAA) en France, qui sont montés en créneau en publiant un communiqué pour critiquer le travail de traduction réalisé.

Roma : un sous-titrage qui suscite la polémique

Ce n’est pas la première fois que les sous-titres Netflix sont pointés du doigt à cause de leur qualité (douteuse). Mais, depuis la diffusion du film mexicain Roma en noir et blanc, la colère est montée d’un cran ! Erreurs de traduction, mauvaise grammaire, fautes d’orthographe et de ponctuation en séries, mauvaise synchronisation des sous-titres ou pire encore absence de sous-titres : la liste des griefs est longue !

De plus, le film Roma d’Alfonso Cuarón, qui a pour héroïnes Yalitza Aparicio (Cléo) et Marina de Tavira (Sofia) est sous-titré en Castillan alors que la langue parlée est l’Espagnol mexicain. Un sous-titrage qui offusque la communauté mexicaine : en clair en Espagne, on aurait besoin de sous-titres en Espagnol pour comprendre un film mexicain ! Et en plus, les sous-titres en espagnol ne correspondent pas aux dialogues des personnages… L’auteur Jordi Soler (qui vit à New York) est le premier à dénoncer les bourdes de sous-titrages sur Twitter…

Aussi, les registres de langue ne sont pas cohérents : dans certaines séquences, les personnages s’expriment dans un français soutenu et dans d’autres, les mêmes personnages parlent un argot (« il se la pète »). En France, les sous-titres français sont tout aussi désastreux… Autant de boulettes qui altèrent la compréhension du film !

A l’origine de cet imbroglio de sous-titrages, l’organisation de Netflix est mise en cause. En effet, l’entreprise n’a pas recours à des traducteurs professionnels pour adapter ses films et séries. En 2017, le spécialiste de la vidéo à la demande (séries, films, documentaires) recrute des traducteurs via une plateforme en ligne en leur soumettant un simple test. Résultat : les compétences des candidats n’ont été ni validées ni vérifiées et la qualité des sous-titres n’est pas toujours au rendez-vous, d’un film à l’autre…

 

Le recours à des traducteurs professionnels, indispensable pour le respect des œuvres

Face à ce tollé, l’Association des Traducteurs et Adaptateurs de l’Audiovisuel (ATAA) a réagi. Sylvestre Meininger, vice-président de l’ATAA a publié un long communiqué où il énumère les erreurs de traduction et de sous-titrage à tous les niveaux. Le manque de professionnalisme du travail de traduction réalisé fait l’unanimité…

Le coup de gueule de l’ATAA n’est pas passé inaperçu ! Dans son communiqué, les professionnels s’interrogent « Pourquoi Netflix qui dépense des fortunes en publicité et en achat et création de contenus (25 millions de dollars investis dans la promotion de Roma) n’a pas confié l’adaptation du film à un traducteur professionnel ?… Pourquoi un tel mépris pour l’œuvre originale et pour la langue des spectateurs ? ».

En raflant plusieurs prix, le film Roma d’Alfonso Cuarón fait entrer Netflix dans la cour des Grands, qui s’offre ainsi une légitimité dans le milieu du cinéma. Mais la polémique entache ce succès. Souhaitons qu’elle fasse réfléchir le géant du streaming et qu’elle pousse ses dirigeants à revoir le modèle pour engager à l’avenir de vrais professionnels de la traduction.

Que ce soit pour traduire des œuvres audiovisuelles ou écrites, le recours à des traducteurs professionnels doit être systématique. Certaines subtilités linguistiques et culturelles ne sont pas toujours à la portée d’un traducteur lambda.

Un traducteur professionnel, en plus de parler couramment les deux langues de traduction, doit avoir une parfaite maîtrise pour restituer le sens original d’un texte en utilisant la terminologie exacte qui s’impose suivant le contexte. En plus d’être bilingue, il possède aussi des connaissances solides sur la culture du pays dont il est généralement natif.

Le niveau d’expérience fait souvent la différence pour identifier les meilleurs traducteurs :

  • Un traducteur professionnel qui traduit dans sa langue maternelle se distingue des autres traducteurs ;
  • Une facilité d’adaptation à la culture et à l’univers linguistique de la langue à traduire ;
  • Des qualités rédactionnelles irréprochables ;
  • Respect du registre de la langue pour éviter les lourdeurs de style.

 

L’exemple du sous-titrage du film Roma illustre bien les conséquences désastreuses que peuvent avoir une mauvaise traduction… Des remous qui ont affecté aussi bien l’œuvre cinématographique, son réalisateur, une communauté toute entière et qui ont aussi entaché la réputation de l’entreprise, Netflix en l’occurrence… Le recours à un service de traducteurs professionnels doit être systématique : une qualité des contenus irréprochable est indispensable pour l’image de n’importe quelle entreprise.