Le discours est une forme d’allocution plus ou moins bien maîtrisée qui, dans le cadre politique, vise un public déterminé par une organisation sociale, et dont l’objet sera de transmettre un message qui se veut mobilisateur. Un message qui, dû à son caractère politique, sera relatif à l’organisation du pouvoir et/ou à sa poursuite… Le discours politique est souvent discursif, à savoir qu’il emploie la digression et se caractérise par une suite de raisonnements plus ou moins durs à suivre.
Le mot politique venant du grec politikè qui signifie : science des affaires de la Cité, le discours politique est l’art de communiquer avec habilité et diplomatie. L’idée ici étant d’amener le public concerné à rallier, défendre et accepter les actes et les intentions déclarées.
Le pouvoir de la parole
Le discours politique a, pour rôle premier, de « porter » la parole sociale, de concilier, d’aplanir, de prévenir les conflits d’une société, mais aussi – on peut rêver – d’être porteur d’innovation et permettre l’échange d’opinion.
« C’est dans votre intérêt », on entend bien souvent, en creux, cette affirmation dans l’attaque d’un discours. Une façon, qui commence à vieillir, de dispenser le public de toute réflexion quand au message qui serait par défaut bénéfique pour lui. Le discours politique requiert la maîtrise de la rhétorique, mais il nécessite davantage une aptitude à « sentir », à s’adapter au contexte.
Il joue essentiellement à engranger l’approbation, à maintenir la bonne impression, avec l’idée de gagner ou de garder le pouvoir. On est parfois loin de la préoccupation de l’homme par rapport à la gestion de la cité.
Le discours de l’homme politique est un discours d’influence produit dans un monde social dont le but est d’agir sur l’autre pour le faire agir, le faire penser, le faire croire” Giglione (1989)
Une mise en scène de la parole
De la Rome de Cicéron, où la parole publique était un instrument de délibération et de persuasion, à la communication de masse actuelle, le discours politique est devenu un théâtre qui peut tendre au comique, on y retrouve clichés, lieux communs, stratégies de captation qui, poussifs, tentent de rendre l’interlocuteur complice.
Un discours qui soigne de plus en plus sa mise en scène et fait un usage excessif de la parole. Une parole pour agir sur l’autre qui s’exprime dans un registre compassionnel.
On peut penser alors à une véritable parodie de langues de bois.
Comme dans ce sketch sur la parole politique qui montre qu’avec un minimum de formules-clés l’on peut reproduire un discours type.
Un double langage
Le discours politique s’appuie sur un langage qui doit traduire une intention claire, ferme, décisive, mais laissant penser qu’elle s’est construite dans l’écoute, l’empathie et la compréhension des enjeux propres aux interlocuteurs. C’est le « Je vous ai compris », « maintenant écoutez-moi ». Il est, lors de confrontations, de plus en plus stéréotypé.
Il va utiliser :
- la dénégation, la minimisation – Votre message est sans importance
- la marginalisation – Vous vous trompez de sujet
- l’accusation – Vos intentions sont néfastes
- la disqualification – Vu qui vous êtes, votre parole n’est pas recevable
- la péjoration – reformulation en termes négatifs et caricaturaux de la position adverse
Gorgias disait que le discours est un despote puissant…
La traduction d’un discours, d’une parole politique demandera un supplément de finesse, d’agilité, pour, fidèlement, transmettre les intentions telles qu’énoncées et en préserver la tonalité. Un travail complexe de traducteur émérite.