Traduction automatique neuronale : quelles sont les limites et comment les surmonter ?

Anglais, japonais, français… Aujourd’hui, tout le monde utilise les outils de traduction en ligne pour gagner du temps. Ces outils sont apparus sur le marché depuis plusieurs décennies déjà ! Le premier fut créé en 1950 avec le projet « Experience Georgetown-IBM ». Depuis, ils sont en constante évolution jusqu’à devenir la dernière technologie de pointe avec la traduction automatique neuronale (NMT). Depuis les années 1950, plusieurs modèles ont vu le jour : Rule-Based Translation (RBT), Statistical Machine Translation (SMT), Neural Machine Translation (NMT), et plus récemment, les Large Language Models (LLM), comme ceux qui alimentent ChatGPT ou Gemini.

Avec tous ces changements, comment s’y retrouver ? L’essor de l’IA et de ses outils de traduction transforme le quotidien des traducteurs. Quelles sont leurs limites et comment les surmonter ?

 

 

Traduction automatique neuronale : tout ce qu’il faut savoir

« Les réseaux neuronaux sont capables d’apprendre des représentations très riches des langues, simplement en observant de grandes quantités de texte. » — Ilya Sutskever, lors d’une conférence Google Brain (2015).

 

Qu’est-ce que la traduction automatique neuronale ?

La traduction automatique neuronale (TAN), ou Neural Machine Translation (NMT) en anglais, est une technologie de traduction automatique basée sur des réseaux de neurones artificiels. Il s’agit de systèmes d’intelligence avancée entraînés à traduire des textes dans plusieurs langues en s’appuyant sur un volume colossal de données bilingues. Grâce à cet apprentissage, le modèle repère par lui-même les correspondances linguistiques, sans intervention humaine directe. Il assimile la grammaire, les expressions, les structures syntaxiques, ainsi que certaines subtilités culturelles, comme les niveaux de politesse.

 

Comment fonctionne la traduction automatique neuronale ?

La traduction automatique neuronale repose sur un modèle « séquence-à-séquence » composé d’un encodeur et d’un décodeur, souvent enrichi d’un mécanisme d’attention. Vous êtes perdu ? Alors, voici un exemple concret :

  1. Nous demandons à un outil comme DeepL de traduire de l’anglais vers le français la phrase suivante : « What can I do in Brisbane? ».
  2. L’encodeur transforme chaque mot en vecteurs numériques (embeddings) et capte la signification dans le contexte de la phrase complète.
  3. Ces représentations sont ensuite transmises au décodeur, qui génère la traduction en français mot par mot (séquence-à-séquence), en s’appuyant sur l’attention pour se focaliser sur les mots sources à chaque étape (mécanisme d’attention).
  4. Ainsi, il en résulte une phrase fluide et fidèle au sens original, comme “Que puis-je faire à Brisbane ?”.

Cette approche prend en compte le texte dans son ensemble, adapte la syntaxe à la langue cible, et offre une traduction plus naturelle et contextuelle que les anciennes méthodes.

 

Quelle est la différence avec les autres types de traduction ?

Depuis 1950, 4 grands modèles de traduction automatique ont vu le jour :

  • Rule-based Translation (RBT) : la traduction basée sur les règles suit des règles grammaticales et orthographiques strictes, ce qui donne des traductions rigides et peu naturelles, comme l’ancienne version de SYSTRAN.
  • Statistical Machine Translation (SMT) : la traduction automatique statistique apprend à traduire en s’appuyant sur les statistiques, et souvent mot à mot, sans bien comprendre le contexte comme l’outil Moses.
  • Neural machine translation (NMT) : la traduction automatique neuronale utilise des réseaux neuronaux pour comprendre le sens global et produire des traductions fluides et naturelles, comme DeepL ou Google Translate.
  • Large Language Model (LLM) : les modèles de langage de grande taille vont encore plus loin ! Ce n’est pas un traducteur spécialisé comme ChatGPT d’OpenAI, mais un modèle polyvalent qui peut comprendre, raisonner et traduire, souvent avec une qualité proche de celle des NMT classiques, surtout dans des cas complexes ou ambigus.

Aujourd’hui, les modèles RBMT et SMT sont obsolètes, car les logiciels s’appuyant sur la technologie de neurones artificiels les ont surpassés.

 

 

Quels sont les avantages et les limites de la traduction automatique neuronale ?

La traduction automatique neuronale présente beaucoup d’avantages pour gagner en efficacité, mais ce modèle a aussi des limites à prendre en compte pour ne pas rater une traduction.

 

Quels en sont les avantages ?

La qualité des traducteurs automatiques est en constante amélioration. Aujourd’hui, ils peuvent produire un texte d’une grande qualité avec une capacité d’adaptation à un domaine sensible comme le droit ou le médical. Ils traduisent un texte en prenant en compte le contexte global de la phrase ou du paragraphe. Certains modèles (comme ceux de Google) peuvent traduire des centaines de langues avec un seul outil. De plus, ils sont capables de traduire plusieurs dossiers en quelques secondes, alors que ce même travail demanderait des heures à un traducteur humain.

Que ce soit pour traduire du contenu marketing ou des textes juridiques, l’IA est capable de vous assister dans la traduction de divers types de documents.

Quelles sont les limites ?

Malgré ses multiples atouts, la traduction automatique neuronale reste limitée. Premièrement, elle a besoin d’analyser et de s’entraîner sur un très grand nombre de textes pour pouvoir fournir une traduction de qualité. L’islandais, le mandarin ou le grec font partie des langues les plus difficiles à traduire pour une IA, pour différentes raisons, comme un alphabet complexe, des ambiguïtés linguistiques ou la rareté des données.

Ce modèle peut faire des erreurs par manque de contexte, créer des incohérences ou traduire littéralement mot à mot. Par exemple, concernant les noms propres, l’IA essaie souvent de les corriger ou de les adapter.

Nous sommes en droit de nous interroger : la traduction automatique remplace-t-elle les traducteurs humains ?

 

 

Surmonter ses limites : la solution IA + Humain

Malgré tous ses atouts, l’IA ne remplace pas encore l’humain, en particulier dans les domaines sensibles, car elle fait encore trop d’erreurs. Néanmoins, utilisé à bon escient, c’est un allié redoutable pour gagner en efficacité. La solution pour produire une traduction sans fautes reste la solution hybride.

Qu’est-ce que la solution hybride ? Il s’agit d’une coopération entre l’IA et l’humain. En effet, l’IA, bien qu’impressionnante, reste limitée : elle ne saisit ni les subtilités culturelles, ni l’humour, ni le second degré, et peut produire du contenu dupliqué si plusieurs utilisateurs lui soumettent des requêtes similaires. Elle manque aussi de précision sur les sujets pointus ou émergents, car elle repose sur des données préexistantes. C’est pourquoi il faut la considérer comme un assistant et non un remplaçant. Une traduction automatisée peut servir de base rapide, mais elle doit impérativement être relue, ajustée et enrichie par un traducteur professionnel pour garantir la justesse, la nuance culturelle et l’originalité du message. L’humain apporte la créativité, l’expertise et le jugement que la machine n’a pas.

Enfin, attention aux risques liés à la confidentialité : pour les contenus sensibles, mieux vaut éviter les IA gratuites grand public et préférer des solutions professionnelles sécurisées.

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La combinaison la plus efficace pour une traduction de qualité reste l’alliance entre l’intelligence artificielle et l’humain. Il ne suffit pas d’être bilingue pour faire une bonne traduction, il faut comprendre le domaine du texte traduit et les subtilités culturelles dans les deux langues. Les agences de traduction ont des profils qualifiés pour tous les secteurs.