Qu’est-ce qu’une mémoire de traduction ?
Une mémoire de traduction est une base de données linguistiques qui enregistre votre traduction en vue d’une future réutilisation. Les sites web, les documents de communications, le marketing, les publicités… sont autant de supports contenant les mêmes messages et utilisant, de fait, des expressions récurrentes.
Créée en utilisant un logiciel de TAO, la mémoire de traduction récupère et enregistre la traduction effectuée par le traducteur, phrase par phrase. Elle consiste ainsi en une base de données bilingue de segments de textes ou phrases et leur équivalent dans une autre langue. Ainsi conservée, cette mémoire (adossée à une base terminologie) peut être réutilisée de façon optimale. Ce processus de mémorisation offre ainsi un gain de temps précieux pour la traduction, notamment pour des documents volumineux ou répétitifs ou dans le cas de documents évoluant dans le temps (versionning) ! En évitant ainsi de traduire plusieurs fois la même phrase, le système permet aux agences de pratiquer des tarifs plus compétitifs et d’assurer la cohérence de la terminologie. Par exemple, la solution de TAO SDL Trados Studio ou encore MemoQ stocke ces mémoires et met en correspondance le contenu source avec le contenu cible en pointant les concordances exactes et les concordances partielles entre les deux documents en cours de traduction.
Mais, alors, qui est propriétaire de la mémoire de traduction ?
Qui revendique la propriété d’une mémoire de traduction ?
Et pourquoi ? Les mémoires de traduction sont issues du travail de recherche terminologique du traducteur, en ce sens qu’elles compilent des morceaux de textes déjà traduits pouvant être réutilisés lors de nouvelles traductions sur un même sujet, et dans le but d’optimiser le délai et la qualité (cohérence). C’est aussi une garantie dans le temps de maitrise de la communication : par exemple pour une marque ou une entreprise ayant des éléments de langage très précis et ce, grâce au glossaire de traduction associé. Le client peut également bénéficier d’une optimisation des couts de traduction, les contenus se répétant pouvant être facturés différemment. Ces mémoires de traductions, une fois leur qualité validée et maintenue dans le temps sont donc de vrais actifs linguistiques. Mais, si le travail de constitution et de maintenance d’une mémoire de traduction de qualité est facturé, il faut absolument pouvoir déterminer, et ce de manière juridique, à qui elle appartient.
Or, le traducteur (personne physique), salarié ou indépendant, l’agence de traduction (personne morale ou société), et le client (personne morale ou société) pourraient chacun, par leur implication à différents niveaux, en revendiquer la propriété, ou une partie (ce sujet est débattu depuis des années, sans qu’une clarté totale ait été faite et diffusée). Le client (donneur d’ordre) est généralement l’auteur du texte source. En tant qu’acheteur et donneur d’ordre, il est aussi propriétaire du texte cible, la traduction. Enfin, si la base de données a été créée et est entretenue par une agence de traduction s’étant adressée à un traducteur externe, elle peut tout à fait se considérer propriétaire de la mémoire de traduction.
Pour répondre à ce problème, il faut se tourner vers la question de la propriété intellectuelle. Cette dernière protège tout texte original. Mais quelle est la nature de la mémoire de traduction et du texte traduit ? Peut-il s’agir d’une propriété partagée ? En fait, la question n’a pas encore trouvé de réponse et le débat demeure ouvert…
Comment résoudre le conflit
Dans ces conditions, comment agir ? Face à la menace de perdre ses droits et de ne pouvoir utiliser ses propres recherches terminologiques, une discussion pour déterminer le propriétaire de la mémoire de traduction du projet doit-être envisagée avant toute mission de traduction. Il en va d’une bonne relation de travail, forcément basée sur une relation commerciale. Il peut s’agir d’une clause intégrée aux conditions générales de vente. Propriété exclusive ou partielle… il s’agit de négocier les termes de l’accord en bonne intelligence pour une juste exploitation de la mémoire de traduction.
Dans la pratique, les agences de traduction ont toutes des politiques différentes concernant les mémoires de traduction. Pour certaines, elle leur appartient, tandis que d’autres s’engagent à fournir contractuellement la mémoire créée lors de la livraison du projet au client. Une mise à disposition gratuite ou facturée qui dépend souvent de la durée de l’engagement.
On voit bien en quoi ces mémoires peuvent accélérer le processus de traduction, réduire le risque d’erreur et améliorer la cohérence. Voilà pourquoi la mémoire de traduction (MT) ou, globalement, les outils de traduction assistée par ordinateur (TAO) font l’enjeu d’âpres négociations entre agence, traducteur et client. Particulièrement prisées, et même aujourd’hui incontournables dans certains contextes, elles permettent en effet d’améliorer la productivité et la qualité lors de traductions comportant de multiples répétitions, ces fameuses phrases ou expressions clés qui constellent les documents, particulièrement dans le domaine de la traduction technique. Un gain de temps, mais aussi de productivité pour toutes les parties concernées. S’il n’est aujourd’hui pas possible de savoir clairement qui est le propriétaire d’une mémoire de traduction, la loi du cas par cas impose une réflexion autour des droits et devoirs de chacun, en bonne intelligence. Donneurs d’ordre, consultez la charte qualité des agences si le sujet est traité, demandez les CGV, ou abordez le sujet en toute transparence pour construire une relation durable.