Combien de langues parlez-vous ? Bilingue (deux) ? Ou êtes-vous polyglotte (à partir de trois) ? Sachez qu’il existe plus de 7 000 langues parlées à travers le monde. C’est une richesse linguistique fascinante… mais une véritable épreuve pour les traducteurs, humains comme artificiels !
Alors que les intelligences artificielles progressent à une vitesse fulgurante, la traduction automatique reste l’un de leurs plus grands défis. Pourquoi certaines langues résistent-elles encore aux algorithmes ? Qu’est-ce qui complique la tâche d’une IA face à un texte en japonais, en islandais ou en arabe ? Et surtout, quelle est la place des traducteurs ?
Voyons ensemble tout ce qui fait la complexité d’une langue pour l’intelligence artificielle.
Qu’est-ce qui rend une langue difficile à traduire pour une intelligence artificielle ?
Traduire un texte ne se résume pas à une transposition pure et dure d’un contenu ! C’est une question d’adaptation à une culture dans sa globalité. Un Français n’aura pas le même humour, la même sensibilité, la même façon de parler qu’un Allemand ou un Australien. La traduction, c’est l’art et la manière d’ajuster les mots pour qu’ils traversent les frontières.
L’IA est confrontée à plusieurs facteurs qui rendent son travail difficile d’une langue à l’autre.
Les différents caractères
Si un seul système d’écriture existait, l’apprentissage d’une langue serait plus facile, mais non ! Il existe 65 alphabets dans le monde, avec leurs propres caractères, systèmes d’écriture distincts et règles. Certains sont accessibles, comme l’alphabet latin qui compte seulement 26 lettres. À l’extrême opposé, d’autres systèmes sont vertigineux : le chinois compte 50 000 caractères différents, l’alphabet cyrillique (russe, bulgare et serbe) emprunte des symboles au latin, mais avec sons différents.
La typologie syntaxique
Il s’agit de la structure de la phrase. À l’instar des caractères, la typologie syntaxique varie aussi :
- L’ordre sujet – verbe – objet est une structure que l’on retrouve dans le français, ou le mandarin. Les linguistes estiment que ce modèle est répandu à environ 40 % des langues.
- L’ordre sujet – objet – verbe est la structure la plus courante avec 45 % d’utilisation, comme pour le turc ou le coréen.
- Les 4 autres types de syntaxes ne représentent que 15 %, comme la structure verbe – sujet – objet qui apparaît chez les Irlandais, ou le verbe – objet – sujet chez les Malgaches.
Les structures grammaticales et orthographiques
La grammaire et l’orthographe sont des challenges pour les apprentis et les IA. Certaines langues utilisent des déclinaisons, des conjugaisons irrégulières, ou encore des inversions de mots sur lesquels les IA sont souvent entraînées. Par exemple, le finnois emploie jusqu’à 15 cas grammaticaux pour indiquer la fonction d’un terme dans une phrase.
De plus, il existe des orthographes instables ou contextuelles : un mot peut changer de forme selon sa place, le genre ou le nombre. Résultat : une même idée peut s’exprimer de différentes manières, et l’IA doit analyser toute la structure pour produire une traduction correcte.
Les subtilités propres à la langue
Même les langues les plus parlées du monde ont des subtilités difficiles à intégrer pour l’IA :
- Polysémie et ambiguïté sémantique : un mot peut avoir plusieurs sens selon le contexte. Par exemple : un avocat peut être un aliment comme une profession.
- Niveaux de langage : les subtilités de registre formel, familier, poétique.
- Jeux de mots, expressions culturelles : l’ironie, les métaphores ou les références culturelles implicites.
Les données sur la langue
Si certaines langues, comme l’anglais, le français, l’espagnol ou le portugais sont suffisamment répandues pour alimenter l’IA, ce n’est pas le cas pour d’autres. L’IA a besoin de grandes quantités de données pour délivrer des textes cohérents. Pour les langues peu documentées, en danger ou en voie d’extinction, comme le quechua, les textes sont rares.
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Les 5 langues les plus difficiles à traduire pour une IA
Voici le classement des 5 langues les plus difficiles à traduire pour une IA (sans inclure les 3 193 langues en voie de disparition).
Le chinois mandarin
Le mandarin regroupe plusieurs dialectes parlés dans le sud-ouest et le nord-est de la Chine. Il est réputé comme l’une des langues les plus difficiles à apprendre. Malgré les données abondantes pour étoffer les compétences des IA, elles font face à des caractères logographiques complexes et nombreux (50 000), des règles grammaticales changeantes et à beaucoup de significations culturelles.
Le saviez-vous ? Les enfants peuvent commencer à lire le journal dès qu’ils connaissent les 3 000 signes les plus courants de la langue.
L’arabe
L’arabe est une langue qui connaît 20 variétés régionales différentes. L’arabe parlé au Maroc diverge de celui du Liban ou de l’Égypte. De plus, la structure morphologique est riche : un seul mot peut fournir des informations sur le temps, la personne, le genre et le nombre. Ensuite, l’arabe utilise une écriture consonantique, c’est-à-dire que les voyelles courtes ne sont pas écrites, rendant l’interprétation d’un mot ambigu.
Le saviez-vous ? L’écriture arabe se lit de droite à gauche, mais les chiffres se lisent de gauche à droite.
L’islandais
Si vous lisez un journal à côté d’un Islandais, ne soyez pas surpris de le voir consulter un ancien texte viking ! L’islandais est resté très proche du vieux norrois (langue scandinave médiévale), ce qui fait à la fois sa beauté et sa complexité. Première difficulté pour les IA : il existe quatre cas grammaticaux accompagnés de nombreuses déclinaisons. Deuxièmement, le purisme de la langue, c’est-à-dire sans mots empruntés aux autres nationalités. L’Académie islandaise a réinventé des noms pour des concepts modernes, comme le podcast. Enfin, il y a peu de références. Résultat : les IA ne peuvent pas s’entraîner pour fournir des données exactes.
Le saviez-vous ? En islandais, un ordinateur se dit « tölva », un mot-valise formé de « Tala », qui signifie « chiffre », et de « Völva », qui désigne une prophétesse. Ce qui veut dire littéralement « prophétesse des chiffres ».
Le Japonais
Tous ceux qui ont voyagé au Japon vous le diront : les règles de courtoisie inondent la vie en société. En écriture, c’est pareil ! Le niveau de politesse modifie complètement la structure d’une phrase, et il en existe des dizaines, adaptées au statut social, au degré d’intimité ou à la situation.
Le japonais utilise trois systèmes d’écriture en parallèle (kanji, hiragana, katakana), ce qui multiplie les façons d’écrire une phrase. Ces trois systèmes réunis comptabilisent plus de 50 000 caractères. Le contexte ne leur facilite pas la tâche non plus ! Les sujets, pronoms ou éléments importants sont souvent omis dans les phrases, et l’IA doit les deviner pour traduire.
Le saviez-vous ? Un même mot peut s’écrire avec un kanji complexe, un mot phonétique ou un katakana.
Le Grec
Le grec moderne, héritier d’une des langues les plus anciennes d’Europe, n’est pas simple à digérer, que ce soit pour les humains ou les IA. Premièrement, sa grammaire flexible : les mots peuvent se déplacer sans altérer le sens de la phrase, ce qui déstabilise les modèles de traduction. Deuxièmement, les déclinaisons (accusatif, génitif, etc.) affectent les noms, les articles et les adjectifs. Enfin, le vocabulaire est riche en homonymes et en expressions idiomatiques très éloignées de leur signification littérale.
Le saviez-vous ? Le grec utilise encore l’alphabet grec ancien, mais avec une prononciation moderne. Ce qui crée un décalage entre la lecture et l’écoute.
IA et traduction humaine : le cocktail gagnant
Si vous pensiez qu’avec l’émergence des IA, le métier de traducteur était voué à disparaître, détrompez-vous ! L’avantage de l’IA réside dans sa rapidité indéniable, mais pas dans sa fiabilité. Une mauvaise interprétation d’un document complexe peut avoir des conséquences catastrophiques. Une traduction incorrecte d’un terme technique dans le domaine médical peut entraîner des séquelles sur un patient. Dans le juridique, une simple erreur de formule peut changer le sens d’un contrat.
C’est à ce moment que les traducteurs spécialisés entrent en jeu. Ils prennent le rôle de « post-éditeur », ils relisent, corrigent et adaptent le travail de l’IA. Les professionnels savent qu’il ne suffit pas d’être bilingue pour traduire, ils apportent du contexte culturel, émotionnel, et des nuances. Tant d’éléments que l’IA n’est pas en mesure de déchiffrer dans sa globalité. C’est une réelle coopération qui est mise en place entre l’humain et l’IA au service de la production et de la qualité. Cette collaboration s’applique tant aux documents complexes qu’aux contenus marketing.
Avec l’évolution constante de l’IA, nous pouvons espérer qu’à l’avenir, elle comprendra mieux les subtilités du langage. Quoi qu’il en soit, une supervision humaine reste essentielle pour assurer la fiabilité des documents. Pour garantir la compréhension de vos documents à l’étranger, il est recommandé de faire traduire vos contenus par une agence professionnelle.
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